Pour un Parti Socialiste conquis par les classes populaires

Avant-propos;

Avant toute considération de lutte relative à l’une ou l’autre classe sociale, il me semblait important de rappeler que la conquête des classes populaires – en dehors de tout particularisme, qu’il soit de genre, d’égalité femmes/hommes, d’origine sociale, économique ou bien d’autres encore, réside surtout dans la capacité du Parti Socialiste à accueillir, de manière inconditionnelle et pleinement inclusive, les personnes venant de l’extérieur. 

Car ce ne doit pas être au parti lui-même de conquérir une classe mais bien de mettre en place toutes les dispositions possibles pour que ces mêmes classes nous conquièrent et fassent de la maison commune, la leur. Croire que nous devons conquérir les classes populaires c’est penser que nous avons quelque chose à leur apporter, hors s’il y a une habitude dont notre parti doit se dépaître c’est bien celle qui consiste à considérer que devenir socialiste c’est accepter d’abandonner – pendant un temps tout du moins – son sort, pour défendre celui qui prévaut à la bonne entente et aux combats décidés (parfois) par les classes dominantes. L’exemple des gilets jaunes en est une parfaite illustration, en ce sens que nul parti ne s’est intéressé (par de multiples facteurs conjecturaux) aux bouillonnement sous-jacent des classes laborieuses, avant qu’un mouvement social d’une ampleur extraordinaire explose hors cadre. Si les partis, et à fortiori ceux de gauche, sont incapables de laisser une place aux combats qui leur semblent étrangers ou lointains alors l’absence de considérations de ces classes laborieuses viendraient s’exprimer ailleurs, indubitablement, et nous prendrions le risque de voir des mouvements populistes s’emparer de ces paroles qui ne trouvent aucun écho. Ce que je veux dire par là c’est qu’il faut trouver le moyen, pour nous socialistes, d’entendre les colères, les frustrations, les revendications – mêmes inédites ou désagréables – pour les accueillir, les comprendre et les accepter sans pour autant que celles et ceux qui les expriment ou les portent soient dépossédés de ce qui les fondent, ni sans que ces derniers soient mis de coté une fois leur revendications appréhendées par le collectif. Car en faisant cela nous les nierions dans leur existence et leur essence et participerions à la mauvaise image du politique qui se fait des revendications un faire-valoir pour réaliser un dessein personnel.

A cela s’ajoute également la mauvaise expérience d’engagement militant. Trop nombreux sont les nouveaux militants à avoir vécu la frontière hermétique et déshumanisante de l’engagement lorsqu’ils osèrent enfin pousser les portes du parti. Combien d’entre nous sont arrivés avec la flamme du combat, rapidement éteinte par quelques esprits conservateurs, ou aigris, corporatistes ou dont l’unique objectif est de se maintenir sur une position d’autorité et de décision. Il va être essentiel (primordial même je dirais) de considérer le parti comme une organisation à part entière avec une gestion des ressources humaines renouvelée qui prend en compte les parcours et les compétences de chacun afin de tirer parti du meilleur de chaque individu au service du collectif. Car, s’il y a une chose que la sociologie des organisations nous a apprise, c’est bien que l’identité d’un groupe change à partir du moment où un nouvel individu l’intégrait et que dès lors, il convenait au groupe – quasi biologique dans sa manière d’exister et de se mouvoir – d’accepter et d’accueillir les influences extérieures qui concourraient, non pas à l’affaiblir mais à l’enrichir et à le compléter. Et s’il est bien une chose qui se trouve dans l’ADN du parti socialiste, c’est cette capacité idéologique à accepter les individus de manière inconditionnelle pour faire corps d’une part puis lutter pour que un progrès qui profite à tous ensuite, dans le respect des valeurs républicaines, d’égalité et de justice sociale d’autre part.

Les observations qui ont servies à la rédaction de ce présent document et les propositions qui ont été faites, ont duré pendant plusieurs semaines, nourri notamment par des échanges avec des personnes issues du milieu populaire, du monde ouvrier, des déçus de la politique, des militants politiques anciennement sympathisants ou adhérents socialistes. si ce présent article s’inscrit désormais dans la convention socialiste “Retrouvons le peuple”, ce travail de réflexion repose sur des échanges réguliers avec des lointains de la politique et des personnes issus de la classe populaire et ouvrière depuis la campagne de 2017 où la place du citoyen dans la politique, la leur, était fortement interrogée. Ces discussions avec des personnes rencontrées au gré de mon activité professionnelle aux quatre coins de la France, ou de ma classe sociale d’origine avaient d’abord et en premier lieu comme intention de vouloir comprendre et recueillir leur sentiment à l’égard de l’exercice politique, puis dans un second temps de les convaincre que la gauche avait encore quelque chose à leur apporter. Si certaines personnes rencontrées avaient eu un passé politique, l’une d’elles a désormais rejoint les rangs des macronistes – sans pour autant en être convaincu – par lassitude des jeux d’appareils qui empêchent les nouveaux militants d’exister au sein des partis. Chacune de ses voix est une source d’explication de la perte d’adhérence d’un pan important de nos militants ou de nos sympathisants. D’autres, avaient gardé en tête le passé glorieux d’un Parti Socialiste davantage tourné vers leurs préoccupations mais n’avaient plus envie de s’engager car la perte de confiance avait fini d’être entamée après le quinquennat de François Hollande. Enfin, beaucoup avaient quitté le Parti Socialiste pour s’engager dans la vie associative, regardant avec une grande lassitude l’abime dans lequel sombrait petit à petit la vie politique et la gauche à ses cotés. L’une d’entre elle, ancienne camarade de lutte, bénéficiaire du RSA depuis presque 20 ans, pourtant candidate aux européennes de 2014, reste convaincue mais lointaine, que la gauche garde cette formidable capacité de rebond. Toutefois, et c’est là que la lueur d’espoir doit nous encourager, toutes et tous avaient (ont) l’espérance d’un sursaut – même minime – d’un parti capable de redevenir celui pour lequel ils s’étaient levé par le passé.

C’est la raison pour laquelle cet article a fait l’objet d’une contribution au travail de réflexion sur cette thématique, mené actuellement par le Parti Socialiste.


Introduction Conquérir les classes populaires ou comment les intégrer au reste de la société via nos actes et nos discours.

La gauche doit relever aujourd’hui un défi crucial : aider les classes populaires à redevenir actrices et acteurs de la vie politique et démocratique. Cela nécessite l’élaboration de pratiques et d’idées qui inspirent la société dans son ensemble face au processus d’individualisation. Pour y parvenir, il est essentiel de défendre des politiques qui répondent aux besoins des classes populaires, de proposer une vision d’avenir compréhensible et à laquelle il est facile de s’identifier, de se rendre accessible en évitant de s’engager dans des discours technocratiques et d’engager les citoyens dans les décisions et les actions du Parti Socialiste. Les classes populaires ne doivent pas être considérées comme naturellement du coté de la gauche et il est important de leur proposer des solutions concrètes, plutôt que de considérer que leur soutien est acquis. En guise de préambule nous rappellerons ainsi la phrase écrite par Pierre Mendes-France dans son ouvrage visant à moderniser la République, sur le rôle des partis:

« (…) Qu’ils s’obstinent dans des querelles dépassées avec des mots qui ne le sont pas moins, tantôt dans l’attente d’un monde futur dont la venue est indéfiniment ajournée. Le militant consacre ses soirées a des discussions dont il sent souvent la vanité, à des rédactions de motions qui n’auront guère de suite: il s’épuise à vendre des journaux, à coller des affiches, a faire du porte à porte pour un public de plus en plus indifférent, il assiste a des manifestations sans lendemain. Le résultat de ses effort et parfois de ses sacrifices ne lui apparait pas. C’est aussi bien le cas du militant parisien qui vit et agit a proximité immédiate de ses grands chefs politiques, que de son homologue d’un chef lieu de canton rural ».

Lorsque l’on considère les classes populaires dans une perspective plus large, cela nous amène à identifier les pratiques et les idées qui peuvent contribuer à l’élaboration d’une morale solidariste, nécessaire pour inspirer la société dans son ensemble face au processus d’individualisation. Car s’il y a une chose qu’on ne peut ignorer c’est le rôle déterminant des classes populaires dans les résultats électoraux récents et à venir. Et si, par une habile communication nous étions en capacité de les considérer comme le coeur de cible de nos combats, nous les doterions du sentiment d’être les acteurs d’un formidable pouvoir de réformisation, non pas juste de la vie citoyenne ou de la vie politique, mais de la société toute entière. A l’inverse, si par paresse ou intérêt courtermistes nous choisissions de laisser ce rôle aux partis populistes, alors les conséquences pourraient être à la fois catastrophiques et cataclysmiques. En les mettant au centre de notre attention, nous ne ferions plus simplement des classes populaires le réceptacle des colères sociales mais nous nous associerions à leurs préoccupations et leurs combats pour en faire de vrais camarades de luttes en les associant à nos processus décisionnels et représentatifs. Cela ne pourra se faire sans une forme de modernisation de nos mises en responsabilités et cette ambition pourra, il faut en convenir, secouer des habitudes et des pratiques dans lesquelles le parti s’est trop enlisé au fur et à mesure des années. Car la défense et la conquête des classes populaires suppose plus que tout que nous soyons en capacité d’intégrer à l’égal, des personnes qui ne sont plus des habitués du parti de la rose – voire même de la politique – et qui forment en interne, une classe minoritaire et à part.

Les classes populaires reflètent bien souvent une image – dégradée – voire dérangeante de notre société. Pour la part la plus fragile d’entre elles, les classes pauvres, elles sont l’aveu d’échec d’une République qui a failli à son rôle protecteur. Elles représentent néanmoins l’identité même de ce que le pays est réellement, car elles mettent en évidence le contraste entre les principes d’égalité, de justice sociale et la réalité. Ainsi nous avons l’obligation de nous adresser a une classe sociale qui partage des situations de précarités, de chômage, d’exclusion, d’isolement, d’insécurité, de défiance envers l’État et du repli sur les petites différences, sans oublier que pendant qu’ils luttent pour leur propre survie, elle ne peut lutter politiquement aussi et en même temps, contre sa propre condition. Ces classes populaires portent en elles la double peine de leur condition et les accueillir pour leur donner la parole ne se fera pas sans effort mais sera en revanche pleines d’opportunités et de bénéfices pour la société dans son ensemble. 

C’est la raison pour laquelle il faut parler aux classes populaires comme des camarades de luttes et avec qui nous nous associons pleinement pour leur permettre de s’émanciper. C’est de cet esprit de camaraderie et de solidarité que nous sommes fait et c’est avec ce même état d’esprit, non feint, que nous serons à la hauteur de répondre à ce défi.

Ainsi, et si nous voulons enfin refaire du parti Socialiste un parti d’ouvriers, d’employés et des classes populaires qui “n’ont que la force de leur travail pour vivre”, il convient de modifier en profondeur, à la fois nos pratiques internes de fonctionnement, comme nos méthodes de communication. Nous croyons fermement que le parti de Blum et de Jaurès peut redevenir le véhicule d’émancipation d’une société en souffrance qui aspire au progrès et à l’unité. 

Proposition n°1 Défendre les plus fragiles dans les faits et dans les actes

Les classes populaires ont besoin d’être entendues, écoutées et considérée. Pour se faire, il faut activement défendre des politiques qui répondent à leurs besoins: cela peut inclure des politiques en matière d’emploi, de salaires, de logements abordables, de protection sociale, de santé et d’éducation accessibles, de protection de l’environnement, etc. Cela sous-tend que, à l’instar de certains de nos député(e)s, il faille répéter inlassablement et avec un vocabulaire adéquat, l’importance de défendre les plus fragiles en rappelant ainsi notre engagement social. Aujourd’hui, force est de constater que la Rassemblement National s’empare des sujets dits de luttes sociales aussi et parce qu’ils osent le discours de rupture.

La ligne du parti doit également faire preuve de plus de sincérité dans ses discours en adoptant un discours franc, parfois tranché et sans ambage sur les préoccupations des français. Ainsi, trouver le compromis avec le trop technique (ce qu’on appelle la “malédiction de la connaissance” en stratégie de relations publiques) et le trop évident pour faire de nos discours des concepts accessibles et simples.

Mais il y a également un facteur qui éloigne les classes populaires de nos radars: La publicité de nos dissensions internes qui offrent un spectacle d’autocentrisme fort qui joue ainsi contre nous. Il parait mensonger de notre part pour les classes dites laborieuses que l’on puisse s’intéresser à eux quand dans les médias ou sur les réseaux sociaux nous nous exprimons avec parfois plus d’engagement et de véhémence contre nos propres camarades que contre ce qui grève leur quotidien. C’est ici l’interrogation d’un profond changement de culture de fonctionnement interne car cela suppose que nous nous engagions vers une voix plus saine et plus sereine sur notre manière de faire de la politique. La campagne de 2017 avait été d’une violence interne inouïe et les mois qui suivirent avaient encouragés nombre de militants à partir suivre Benoit Hamon qui popularisait l’idée de faire de la politique autrement. Cet état d’esprit, c’est dans nos pratiques mêmes qu’il faut la changer. S’il est convenu qu’on puisse s’engueuler en interne, il va de notre image de ce que chacun – aussi petit soit son rôle dans le parti – est capable de donner à voir aux yeux du reste.

Proposition n°2 Faire du parti un lieu d’action: Passer du spéculatif à l’opératif.

L’un des principaux problèmes aujourd’hui de l’incarnation de la gauche au sein des classes populaires est le sentiment que les actes ne suivent pas les paroles. 

Dans le domaine du storytelling (qui est mon métier), on a tendance à dire que contrairement aux politiciens, les acteurs de la mise en récit proposent des discours qui font actes et qui contiennent des unités de mesure du succès. Les spin-doctors construisent ainsi des éléments de langages qui s’appuient sur des éléments tangibles ou des actions en cours pour appuyer les discours. Le contexte de narration suit ainsi un modèle type qui s’appuie sur le schéma Contexte-Problématique-Proposition/Solution-Explications-Résultats-Identité. Les éléments de mesures sont parfois de meilleurs arguments que de vains discours déclaratifs qui ne persuadent que les convaincus et exaspèrent les populations cibles qui désespèrent de voir des prises en considérations concrètes de ce qu’ils vivent.

L’un des acteurs forts de ce changement de paradigme spéculatif/opératif est François Ruffin. A coté des combats qu’il mène sur le plan spéculatif et argumentaire au sein des institutions ou des médias, s’accompagne une force vive non feinte qui engage un nombre conséquent de partisans et d’associatifs qui bénéficient de son soutien sur les thèmes qu’il défend. Il agit en véritable étau et permet de faire avancer concrètement les dossiers. Cela sous entend là encore un changement de paradigme dans la mesure où le militant n’est plus seulement un acteur de la réflexion ou une carte au sein d’une fédération mais il est également acteur du progrès en action. Les cadres ne sont plus seulement des référents ou des donneurs d’ordres mais des chevilles ouvrières (notons le terme fort ici qui rappelle que nous devons retrouver le chemin du travail de labeur). 

Combien de manifestations ont été désertées à partir du moment où les cadres ont disparus ? Combien de piquets de grèves ont été rejoint par des militants sans mandats ou responsabilités ? Combien d’actions ont été abandonnées par des militants car elles n’avaient pas le soutien opérationnel des fédérations ? Retrouver le chemin des classes populaires c’est amener des solutions concrètes aux classes populaires qui parfois ne sont pas plus compliquées que la mise en place d’une épicerie solidaire. 

Proposition n°3 Ne pas considérer les classes populaires pour acquises :

Il doit être essentiel pour nous d’écouter les préoccupations des classes populaires et de leur proposer des solutions concrètes, plutôt que de considérer que leur soutien est acquis. 

Ainsi il est important pour les forces vives du parti socialiste présents en région d’assurer une liaison régulière avec le terrain: Retrouver le chemin des petites contrariétés vécues du quotidien dans les centres villes sans tomber dans la démagogie, mais aussi et plus que tout, résider dans les quartiers et agir avec les classes populaires sur des problématiques très concrètes. Renouer avec les classes populaires c’est se nourrir d’une culture que nous ne connaissons pas (ou plus) et qui, même si elle peut paraitre manquer de réflexion ou de profondeur, se souvenir qu’elle est singulière et fonde un rapport au monde singulier. S’associer aux classes populaire c’est ne jamais abandonner ce qui révolte, ce qui rabaisse, c’est faire preuve de solidarité, d’humanité et de bienveillance en se souvenant que parfois, si la forme peut leur fait défaut dans le discours, ce n’est jamais le cas dans les intentions. Le sentiment de ces classes populaires à l’égard du politique c’est de croire que nous ne partageons pas leur problématiques et disons-le nous une bonne fois pour toute: Le Parti socialiste s’est embourgeoisé, qu’on le veuille ou non, et nous regardons parfois avec condescendance ce qui nous semble d’une simplicité si évidente.

Les classes populaires ont été abandonnées au profit de la classe moyenne jusqu’à notre offre d’accompagnement. Si nous manquons de connaissance sur leurs réalités que bien souvent nous usons de clichés ou d’images d’Epinal, l’inverse est également vrai. Renouer avec elles c’est également leur permettre de mettre un pied en notre sein et d’avoir la patience et la bienveillance qu’il faut du temps pour devenir un militant formé. Cette vigilance nous permettra aussi de considérer que les seuls échéances électorales ne doivent pas constituer une boussole unique mais de travailler à conquérir de façon pérenne cette classe sociale qui n’a plus de représentants politiques. Pour cela, il faut se rappeler sans cesse que nous ne vivons pas pour la plupart leur quotidien et leurs galères et que penser à leur place ne résoudra pas leur sentiment d’abandon. Les considérer comme jamais acquises nous obligera indubitablement à nous remettre en question. Ce point de vue avait déjà été relevé par Isabelle Maurer citée en propos liminaire de cette contribution: “Ils parlent de la pauvreté sans avoir ce que c’est de vivre avec le RSA. Ils ne nous invitent pas sur les plateaux parce qu’ils préfèrent en parler à notre place”. La conquête des classes populaires passe par une acculturation réciproque entre ce que nous sommes et ce qu’ils sont dans leur chair, et la seule solution de les “acquérir” c’est les intégrer pleinement en notre sein à l’instar de Caroline Fiat ou Rachel Keke chez LFI. 

Le bénéfice secondaire de cette proposition – celle qui consiste à s’associer pleinement engagera aussi peut-être un changement de culture interne et mettra ainsi fin au fonctionnement en baronnies de certaines sections ou acteurs du parti socialiste qui – usant parfois d’un habitus patriarcal désuet – agissent comme une véritable barrière hermétique entre le parti et les citoyens.

Proposition n°4 La conquête des classes populaires passe par le vocabulaire mais aussi par des actions emblématiques:

En utilisant par exemple, un langage simple et compréhensible : Car les classes populaires peuvent être découragées par un discours politique parfois trop complexe ou abstrait d’où l’importance d’utiliser un langage clair et concret pour expliquer les politiques proposées et les raisons pour lesquelles elles sont importantes. En 2014 notamment, Podemos s’était emparé de l’espace médiatique en appliquant des discours plus simples à comprendre sans pour autant que ceux-ci soient abrutissants. 

Le langage politique adapté, c’est la garantie de gagner la bataille des idées. Le théoricien italien Antonio Gramsci – pour qui la bataille idéologique était d’abord une bataille culturelle – défendait ce principe. Car en plus de veiller à simplifier nos discours et nos communications, il y a une chose essentielle à laquelle veiller, c’est celle de ne jamais tomber dans le piège du vocable des adversaire politiques. Si par exemple nous sommes amenés à parler de capitalisme (en étant pour ou contre, ndlr), nous sommes d’emblée  catégorisés. En revanche, si nous choisissons de parler de démocratie économique, nous neutralisons les effets négatifs et posons le débat d’une économie tournée vers plus d’égalité. En 2015, le politologue (devenu ensuite personnalité politique) Pablo Iglesias, assumait ne jamais assumer le langage politique de l’adversaire. Que quand l’adversaire utilisait les mots caste, expulsions, précarité, ils se déportaient sur un terrain plus favorable à la gauche. Selon lui, l’objectif est donc de proposer des mots neufs dans le débat politique (ce que fait par exemple Sandrine Rousseau en France), pour défendre des idées novatrices, saisissables, et éviter que les débats ne tournent toujours autour des mêmes enjeux (comme ceux de l’immigration, la sécurité ou l’identité). 

Il faut partir de l’expérience concrète des classes populaires pour élaborer avec eux, en s’inspirant d’eux, une vison à laquelle ils peuvent adhérer. Pour Pierre Rosanvallon, les partis politiques “se sont éloignés du monde vécu et [notre] langage résonne désormais souvent dans le vide, saturé de catégories et d’expressions abstraites qui n’évoquent plus ce que vivent les gens”. 

En France par exemple, de nombreux partis ou personnalités appliquent ce principe pour occuper de l’espace médiatique et ainsi faire irruption dans les débats des idées qu’ils soutiennent ou défendent;

  • La France Insoumise par exemple s’est considérablement inspiré de ce qui a été fait par Podemos en Espagne. D’ailleurs, le mouvement de Jean Luc Mélenchon est connu pour “benchmarker” les initiatives prises par des partis de gauche européens.
  • Benoit Hamon a appliqué une méthode de discours très simple que tout le monde pouvait comprendre en 2017. Cela lui a valu de faire grossir ses rangs (de militants, parfois nouveaux et oui n’avaient jamais fait de politique). Toutefois, son manque de clarté à savoir expliquer des mesures très techniques a joué contre lui. Il faut donc trouver l’équilibre de chaque éléments de langage pour être technique sans paraitre techno; C’est ainsi la seule possibilité de conquérir un électorat qui se trouve éloigné des enjeux politiques.
  • Sandrine Rousseau s’insère dans les débats publiques en utilisant un langage simple et des analogies qui marquent les esprits.

A titre d’action emblématique, nombreuses sont celles qui peuvent paraître suffisamment fortes – en plus d’avoir un langage plus saisissable – pour être identifiées par celles et ceux qui ont le moins, comme un signe d’appartenance de classe et une preuve et de reconnaissance à leur propre situation sociale: Il pourrait être mis en place par exemple la mesure qui consiste à limiter les indemnités d’un élu à 3 fois le salaire moyen français soit 87 210 euros brut annuel. Cette mesure plus emblématique que concrète permettrait en sus de se rapprocher de réduire l’appât du gain

Proposition n°5 Se rendre accessible dans les sections, les fédérations et utiliser des supports de communication alternatifs et moderne et proposer des outils collaboratifs qui mettent l’accent sur l’intelligence collective et le vote au choix majoritaire

En plus de rendre le parti plus présent (ou visible) dans les quartiers populaires en organiser des réunions et des événements ouverts aux habitants pour écouter leurs préoccupations et leurs suggestions il faut toutefois, à l’orée de l’ère numérique, être  davantage présent sur les outils de communications et de partage numériques. 

Il est intéressant de considérer que les réunions ne sont plus exclusivement des rencontres physiques mais également virtuelle et qu’elles permettent parfois aux plus éloignées de s’engager avec facilité. Ainsi, et pour s’inspirer de ce que font d’autres partis de gauche, il serait intéressant pour nous d’investiguer les nouvelles formes de communication et/ou de partage. EELV par exemple dispose d’un compte Discord national dans lequel se trouve des canaux (visibles ou invisibles selon les niveaux de responsabilités). Des canaux régionaux et départementaux permettent ainsi un partage et une transparence des informations qui engage tout le monde et qui permet le partage des informations sans exclusive. Enfin, d’autres canaux thématiques permettent de partager des documents, organiser des débats audio ou en visio. Cette plateforme à l’avantage d’intégrer chaque militant et de lui donner le sentiment qu’il peut ajouter sa pierre aux édifices du parti, contribuer aux actualités du moment, et faire vivre le mouvement de transformation. 

D’autres moyens de communiquer différemment consisteraient à investiguer les plateformes numériques comme Twitch ou Twitter Live et permettre ainsi un échange direct avec les internautes. L’émission #BorisEtPhilippe est un bon exemple de modernisation de nos outils et ont déjà été relevés par la presse, les militants et sympathisants.

Il peut également être utile de proposer des canaux de communication accessibles, tels que les réseaux sociaux, pour permettre aux gens de s’exprimer.

Proposition n°6 Trouver des représentants qui partagent les préoccupations des classes populaires

Se présenter comme un parti qui comprend les préoccupations des classes populaires peut être renforcé par l’inclusion de représentants issus de ces milieux, et qui peuvent  avec force est passion (comme Stéphane Ravacley) témoigner de leur expérience et de leur engagement envers les communautés défavorisées ou leur objet de lutte.

Les classes populaires sont souvent marginalisées dans la politique et dans la société en général. Il est pourtant crucial de les intégrer dans une vision plus large et de travailler à leur inclusion dans les politiques et les pratiques. A cela, il devient urgent de communiquer à leurs cotés sur nos volontés de mises en place de politiques en matière d’emploi, de logement abordable, de protection sociale, de santé et d’éducation accessibles, de protection de l’environnement, etc. Il est également primordial d’utiliser un langage simple et compréhensible (comme exposé précédemment), d’être accessible dans les quartiers populaires et d’organiser des événements ouverts aux habitants pour entendre leurs préoccupations et suggestions. 

Les débats concernant les classes populaires sont souvent biaisés et ne reflètent pas la réalité de ces dernières. Les politiques et les intellectuels ont souvent des préjugés et des espoirs qui influencent leur vision des classes populaires. Les sciences sociales offrent une occasion de prendre conscience de l’impact de la distance sociale et de l’ethnocentrisme sur notre perception des classes populaires. Il est essentiel de considérer les classes populaires comme des citoyens à part entière et de proposer des politiques et des pratiques inclusives pour répondre à leurs besoins.

Le parti socialiste doit se doter d’une cellule “sociologie” ou de retrouver un lien fort avec des intellectuels capables de nourrir nos orientations, nos politiques, notre vision et de penser à nos cotés sur la manière de communiquer avec et pour eux. 

Proposition n°7 Veiller à la représentations des classes sociales et des origines géographiques au sein de la direction nationale

Comment peut-on se sentir connecté à des partis dont tous les représentants proviennent de la bourgeoisie intellectuelle et utilisent un langage technocratique qui ne tient compte des réalités sociales et économiques qu’à travers des données et des statistiques, des images d’Epinal ou à travers les romans de Dickens ? 

Si les partis s’obstinent à décomposer la réalité en une multitude de problèmes pratiques à résoudre, tels que la réduction du déficit de l’assurance chômage ou des caisses de retraite, la baisse du coût du travail et l’amélioration de la productivité des entreprises, alors l’écart entre le quotidien des citoyens et celle des engagés politique continuera de se creuser. Des études localisées sur le PS et le PCF en France (Lefebvre et Sawicki en 2006, Masclet en 2003 et Mischi en 2014) confirment que la transformation du recrutement et des pratiques a conduit à un affaiblissement des liens sociaux entre les élus, les militants, les associations et les milieux populaires. La dimension clientéliste de ces liens ne doit pas être minimisée, mais elle ne peut être considérée rétrospectivement comme blâmable si l’on méconnaît sa fonction de redistribution et de politisation. Bien que les pratiques clientélistes n’aient pas disparu, elles semblent aujourd’hui se limiter aux proches des élus et être perçues comme de simples relations commerciales dénuées de signification politique. C’est de ces petits arrangements entre amis que la gauche se meurt et dont il faut se prémunir. Ainsi, la démocratie interne la plus sincère doit être engagée pour redonner au Parti Socialiste une parole de vérité aux yeux de celles et ceux qui attendent plus de justice.

Comme le souligne le politologue Yves Sintomer, la classe politique est de plus en plus marquée par “ses habitudes, un mode de vie est une experience sociale propres qui la constituent en groupe dont les intérêts et la vision du monde sont particuliers au regard de l’ensemble des citoyens”. Selon l’INSEE, l’Assemblée Nationale ne compt(ait) que 0,35% en 2017 de moins de 30 ans alors qu’ils constituent entre 12,4% de la population. Pire encore il n’y a que 2,6% d’ouvriers et d’employés alors même qu’ils sont 30% au sein de la population française. Pierre Rosanvallon ajoute dans son ouvrage “Le parlement des invisibles” que de nombreux français (et à fortiori les classes populaires), “se sentent exlus du monde légal, celui des gouvernants, des institutions et des médias, et abandonnés par une élite éloignée de leurs préoccupation du quotidien”.

  • Lutter contre les partis de gauche “partis de diplômés”

La représentation des classes populaires ne doit pas se limiter à une vision d’inégalités de la politisation car cela reviendrait à considérer que seuls les individus sont des vecteurs d’émancipation. Hors, il est important pour la gauche de savoir repenser en logiques de classes, nous pas pour diminuer les enjeux qui sont traversés par chaque classe mais pour prendre conscience que la société n’est pas uniforme et que les politiques simplistes de réduction des inégalités peuvent incarner plusieurs types de problématique selon qu’on habite en milieu urbain ou rural. Une marche supplémentaire vers la réappropriation de la lutte des classes a été franchie par Olivier Faure en ce sens quand, aux universités de Libé du 31 mai 2023, il a affirmé vouloir se saisir des choses à la racine en paraphrasant Karl Marx. 

L’émancipation des classes populaires ne se limite pas non plus à l’idée que la formation peut être une solution. Les classes populaires sont incarnées par une culture propre et fondent une pensée unique. Ainsi, de nombreux auteurs ont observés que malgré des parcours scolaires et universitaires d’enfants issus de classes populaires, les inégalités subsistaient. C’est la raison pour laquelle la gauche d’aujourd’hui ne parle plus à l’ensemble des citoyens ayant une conscience classe. Car s’il y a bien un sentiment qui perdure, c’est aussi dans celui que les individus issus de classes sociales populaires ne sont pas représentés même lorsqu’il s’extirpent de leur milieu d’origine. Adrien Naselli notamment, l’a très bien démontré dans son ouvrage “Et tes parents, ils font quoi ?”.

Au Parti Socialiste, beaucoup de représentants du parti ou d’élus sont des gamins issus non pas de la classe populaire mais moyenne. Cette classe qui partage parfois les préoccupations des classes moyennes ne sont pas soumises aux mêmes pressions sociales que celles vécues au sein de la classe populaire. Au sein de notre parti il n’existe pas ou peu de députés ou de porte paroles qui n’ont pas été formés à l’ENA. Si nous pouvons nous féliciter de compter parmi nous des élèves de la prestigieuse école d’administration, il y a urgence à rééquilibrer pour envoyer le signal que le parti socialiste est toujours un parti d’ouvriers et d’employés et que le prolétariat n’existe pas uniquement dans sa vision romantique. Le parti, jadis représenté par des ouvriers comme Pierre Beregovoy, doit en effet envoyer un signal fort sur la possibilité pour un gamin issu des quartiers nord de Marseille ou du plus profond de la creuse rural comme des villes ouvrières du Nord de la France, que l’engagement et la mise en responsabilité ne sera pas non plus réservé au sein de notre parti à une élite intellectuelle ou sociale.

  • Rendre les classes populaires visibles jusque dans les instances représentatives

La diversité sociale que l’on observe aujourd’hui ne peut se limiter à une question de genre, d’orientation sexuelle ou de couleur de peau. A mesure que les années avancent, on a eu tendance à réduire le terme de diversité sociale à ce qui se voyait. Toutefois, aucun territoire ou aucune classe sociale ne peut se sentir représenté équitablement si celui-ci n’est pas mis en avant. Combien d’ouvriers comptent aujourd’hui nos rangs, combien de filles et fils de pauvres comparés au filles et fils de, ou de filles et fils de profs. La France Insoumise a pris cette problématique à bras le corps pour ne pas faire de leur mouvement un énième parti de cadres: Ainsi, on a vu une aide-soignante entrer à l’Assemblée Nationale en 2017 certes un peu maladroite, mal assurée au début lors de ses prises de parole. En 2022 pourtant, elle est devenue vice-présidente de l’Assemblée. Cette même année, le parti de Jean Luc Mélenchon a accueilli dans ses rangs une femme issue de l’immigration et femme de ménage.

Par quel miracle cela s’est-il produit ? Le sentiment que le collectif voyait dans des militants des classes populaires des représentants à l’égal de ceux qui étaient sortis des grandes écoles. Le collectif à eu cette vision solidaire vis-à-vis des plus fragiles et de leur engagement sans préjuger de leur difficultés à utiliser les bons mots ou a adopter les habitus propres à ce que doit être le militant modèle.

Proposition n°8 Proposer une vision d’avenir accessible :

Le parti doit également proposer une vision plus large pour la société, qui inclut les classes populaires et qui répond aux préoccupations de tous les citoyens, quelle que soit leur origine sociale.

Le problème majeur les partis d’aujourd’hui est qu’ils ne proposent guère plus que des projets de société et non plus des visions d’avenir. La différence réside dans l’imaginaire collectif que cela sous tend en ce sens que le projet de vision engage pour des décennies alors que le projet politique n’est pas ou plus vu comme ambitieux et suffisamment adapté aux urgences écologiques et sociales. C’est peut-être ici que s’est joué une partie de l’élection européennes (ou qu’elle se joue d’ailleurs régulièrement) lorsque nous sommes en concurrence avec EELV qui propose un projet de vision à grande échelle. Les chantiers et les imaginaires ont toujours été de puissants vecteurs pour ceux et celles qui les portaient. Une vision courtermiste ou réduite à la gestion (parfois même seulement budgétaire) n’engagera pas les foules (et ici les classes populaires) qui pourront penser qu’elles sont réduites à une portion incongrue d’un budget obscur quelque part dans la gestion d’Etat.

Proposition n°9 Engager les citoyens dans les décisions comme dans les actions

Et c’est ici à mon sens que réside le plus gros challenge pour le parti de Blum et de Jaurès: Nos habitudes de fonctionnement, de partage, de transmission et de d’échange sur ce qui fonde nos orientations et nos décisions

  • Sur le fonctionnement du parti: Une myriade d’outils existent aujourd’hui dans le domaine du numérique pour partager, contribuer, participer et inclure les militants (voire même sympathisants sur un accompagnement de projets cibles). 
  • Sur l’idée du partage d’informations: Il est essentiel de palier rapidement au sentiment de décalage entre le directoire et le reste du parti. Encore trop de latence existe entre les organes décisionnels et les membres du Parti Socialiste qui apprennent parfois ce qui se passe au sein de leur parti, dans les médias. 
  • La transmission et l’intégration des nouveaux militants: De nombreuses initiatives d’intégration mais également de partages existent et il faut d’urgence engager un chantier en ce sens. L’école de l’engagement proposé par Philippe Brun doit être généralisé à l’ensemble du parti et trouver une modalité de digitalisation pour toucher tous les territoires.
  • Transparence et échanges dans le processus décisionnel

Si depuis 2022 le parti s’est fortement engagé sur la volonté de réduire les distances entre décideurs et militants, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire, notamment en y associant les forces vives militantes qui peuvent pallier là où les salariés n’ont pas le temps ou les compétences. Un parti qui vit comme un organisme vivant ne peut choisir de laisser mourir une partie de son corps vivant. Cela serait ainsi le risque de perdre des forces vives essentielles qui par lassitude abandonneront ce qu’ils considèrent comme un parti d’élus et non pas qui se saisit des enjeux sociétaux. 

Proposition n°10 Considérer les camarades quelque soit leur ancienneté

Beaucoup de militants du rang ont souvent entendus que pour être légitimes, il leur était nécessaire d’agréger les années comme gage de validité.

Lorsque l’on regarde les représentants actuels du parti, on note sans trop de difficultés qu’ils ont un nombre d’années importants d’adhésion derrière eux parfois même avant d’être membre du parti socialiste en ayant été militant du MJS. Cette inégalité face à l’engagement est une source de non pérennité des membres actifs au sein de notre parti en ce sens qu’il rend les individus inégaux selon qu’ils aient eu la grâce de s’engager tôt ou non. Et lorsqu’ils sont récents, c’est souvent par leur notoriété ou leur parcours souvent brillants qu’ils prennent du galon. Ainsi, il n’est pas rare de voir des personnalités ayant une reconnaissance sociales, intégrer nos rangs de représentants et souvent d’élus. Malheureusement, le fait d’avoir fait l’ENA ou d’avoir été une personnalité médiatique ou institutionnelle reconnue est un facteur de désintérêt de notre parti par la classe populaire. Ce phénomène de reconnaissance basé sur la méritocratie participe à l’image de l’entre soi et de l’inaccessibilité de la classe politique par un nombre important de citoyen. (Cf. Proposition n°7)

Une recommandation serait d’intégrer une part de proportionnelle de personnes issues des classes populaires aux postes de direction comme dans les candidatures électorales au même titre que les efforts faits en matière d’égalité femmes/hommes ou d’origines sociales. Cette recommandation doit également considérer que les disparités géographiques qui desservent souvent les régions au profit de la capitale. Cela aurait sans doute comme bénéfice secondaire de donner un peu plus de poids aux fédération et permettrait indubitablement de faire respirer la démocratie interne.

Proposition n°11 Du camarade mot valise au camarade dans les faits: solidaire et soutenant

La différence entre les socialistes et leur homologues de partis ou mouvement plus récent réside peut-être le plus dans ce sentiment d’appartenance commune. Au fur et à mesure des années nous avons continué à nous appeler entre nous “camarades” comme une invitation permanente à l’unité et à l’attachement aux valeurs qui nous unit. Toutefois, et bien souvent, c’est pour rappeler à l’autre son manque d’affiliation à notre sensibilité ou pour tacler un adversaire au sein de notre parti qu’est utilisé ce terme. Pis encore, le terme de camarade était autrefois synonyme de camaraderie, de franc compagnonnage et de solidarité. Dans les faits aujourd’hui, combien d’entre nous n’osent s’exprimer en amitié avec un camarade inconnu de peur que son discours soit utilisé contre lui. Ce sentiment d’animosité perdure et joue fondamentalement contre nous lorsqu’il s’agit d’accueillir des gens éloignés de la politique. Ces guerres intestines participent à l’image de l’entre soi et mettent à l’écart des individus qui pourraient apporter leur pierre, leurs compétences et leur énergie à nos projets sociétaux.

S’il y a un chantier sur lequel nous pouvons nous atteler, c’est sur celui du terme de camarade et de son essence pour que le parti de la rose soit à nouveau vu et considéré comme un parti de la bienveillance, loin des représentations médiatiques à la “baron noir” où les petites trahisons se mêlent aux projets du plus grand nombre. 

Proposition n°12 Faire du parti un moyen d’émancipation de la société en passant d’un parti de cadres à celui de militants où la solidarité est une réalité du quotidien

Dans cette dernière partie, il paraissait intéressant de revenir sur l’idée de parti politique comme véhicule d’émancipation des populations les plus en ruptures avec la société. 

En d’autres termes, il convient de travailler activement à un projet de storytelling politique (spin-doctors) pour que la vision soit exprimée et partagée par nos instances. Le fait que nous soyons sous les radars provient du manque de vision et quel serait le projet phare de notre parti qu’un citoyen lambda serait en mesure de citer pour nous mettre en exemple ? Aucun. 

Il y a donc urgence à former une cellule de communication stratégique pour travailler en complément de ces propositions, à la cohérence de notre schéma de communication face aux différentes cibles et en considération de nos différents projets portés. Si nous avons pléthore de secrétariats nationaux, il y a aussi en notre sein des lacunes de promotions de nos travaux et de ce qui fonde l’ADN du Parti Socialiste. 

L’un des moyens de lobbying pour cela et la mise en place de cellules militantes actives qui agissent au plus près des problématiques et portent en eux le projet et la vision de société que nous souhaitons impulser pour plus de progrès et de justice sociale.